Randonnée au fil des points nœuds
Les points-nœuds sont bien connus des amateurs de tourisme à vélo. Mais ils le sont beaucoup moins auprès des amateurs de randonnées : et pourtant, c’est un réseau de plus de 1300 kilomètres qui existe à l’Est de la Belgique, développé par le GAL 100 villages – 1 avenir et l’Agence du Tourisme des Cantons de l’Est. Une belle façon de découvrir, de façon sécurisée, nos paysages wallons.
LE PROJET
Avec la crise sanitaire, de nombreux belges ont (re)découvert la beauté de nos régions, et le tourisme local a connu une explosion. Le Groupe d’Action Locale 100 villages – 1 avenir n’a pas attendu ce regain pour lancer son projet de randonnées points-nœuds. Le constat de départ ? Il existait de nombreuses boucles de randonnées pédestres, mais isolées : « [Elles] partaient en principe du clocher du village et ne touchaient pas nécessairement les autres balades des autres villages, constate Dany Heck, responsable du développement de produits au sein de l’Agence de Tourisme des Cantons de l’Est qui a mis en œuvre ce projet LEADER. C’était vraiment toujours restreint à un point de départ et un village. La randonnée en soi a changé, des années 70’ jusqu’en 2010-2020, et les attentes des randonneurs également. Il était vraiment temps de faire un réseau, de relier toutes ces promenades individuelles. »
Pour créer ce réseau de randonnées, le l’Agence du Tourisme des Cantons de l’Est a utilisé un système déjà très populaire en Flandre : les points-nœuds. « Un point-nœud c’est un carrefour d’itinéraires pédestres, explique Dany Heck. Ce carrefour porte un numéro et il dirige vers un autre numéro, vers d’autres carrefours qui sont reliés à ce point-là. Il peut y avoir, deux, trois, maximum quatre intersections. » Plus besoin de carte : il est possible de composer à l’avance sa randonnées sur une application mobile, ou sur le site www.go.ostbelgien.eu. Et l’avantage par rapport à une carte classique, c’est qu’il est possible d’obtenir des informations sur sa randonnée en fonction de la période de l’année : « On a un agenda qui permet de voir s’il y a des contraintes ou des choses spéciales à voir sur le réseau, précise Dany Heck. La région est colorée et si on clique dessus on a l’information. Par exemple, au mois d’avril, début mai, il y a la floraison des jonquilles, on voit les endroits des floraisons. On peut planifier sa randonnée en fonction, et choisir les points nœuds qui sont nécessaires pour faire la boucle afin de pouvoir admirer les champs de floraison. » Il est également possible d’éviter les zones de battues lors de la saison de chasse, par exemple.
« Depuis que le réseau est installé, les gens de la région découvrent leur région, ils sont contents que cette infrastructure soit installée, ils n’ont plus peur d’aller dans les bois avec la crainte de se perdre. »
Et s’ils devaient suggérer à d’autres Groupes d’Action Locales de se lancer dans le même projet, Dany Heck et Gilbert Küpper auraient deux conseils à donner. Le premier : voir la route avec les yeux d’un randonneur « bien voir le maillage, se concentrer sur les chemins pédestres qui sont fort utilisés et ne pas avoir peur d’abandonner l’une ou l’autre boucle, ou chemin », ajoute Dany Heck. Car si dans les années 70’ faire passer une boucle de randonnée sur une nationale était envisageable, l’augmentation du trafic motorisé a maintenant rendu la situation dangereuse. Leur second conseil : « Il ne faut pas avoir peur de d’investir une fois pour de bon, complète Dany Heck, de choisir du bon matériel durable et qui a aussi une certaine esthétique. Ne pas vouloir faire bon marché car c’est une question d’image de la région, c’est porteur. »
L’application et les points-nœuds ont un succès certain auprès des touristes, mais également des locaux : « Depuis que le réseau est installé, les gens de la région découvrent leur région, ils sont contents que cette infrastructure soit installée, sourit Gilbert Küpper, ils n’ont plus peur d’aller dans les bois avec la crainte de se perdre. »
Et quel futur pour cette application ? « L’avenir du projet c’est de garder le balisage en bon état et d’améliorer encore le planificateur d’itinéraires, ajoute Dany Heck, qui après un certain temps doit être renouvelé. La digitalisation ça évolue … il faut investir en permanence dans le planificateur afin qu’il soit à jour et qu’il ait les fonctions de l’époque. » Enfin, Gilbert Küpper conclut « Venez découvrir l’application par vous-même ! » elle sera renouvelée en automne avec, espérons-le, de belles perspectives pour le tourisme wallon.
Mais aboutir à des centaines de kilomètres d’itinéraires pour des randonnées ne se fait pas du jour au lendemain. A partir de 2007, c’est sur deux programmations LEADER* successives que le projet s’est élaboré. Dans un premier temps, il s’agissait exclusivement d’un planificateur en ligne. Mais rapidement, l’ATCEet le GAL se sont renducompte des limitations : impossible de capter un signal GPS dans les fonds de vallées. Un balisage « physique » était devenu indispensable, car complémentaire, à l’outil en ligne. « Lors de la première programmation, il n’était pas encore certain que ce serait un balisage sur le terrain, précise Gilbert Küpper, le coordinateur du GAL 100 villages – 1 avenir. L’idée était d’abord de faire un réseau. Mais au-delà des outils informatiques, les gens s’attendent encore à un fléchage sur le terrain. » « Il faut encore un balisage, ajoute Dany Heck. On n’envisage pas de supprimer les panneaux routiers. Pour les randonneurs c’est la même chose ! »
Dans un projet d’une telle envergure, la mise en réseau des acteurs est essentielle : Communes, Syndicats d’Initiative, Maison du Tourisme, … De nombreuses structures doivent être impliquées et mises autour de la table lors de l’élaboration d’un tel maillage. Et pour les réunir, le Groupe d’Action Locale a joué pleinement son rôle de facilitateur : « Le travail de planification, d’innovation, de recherche de nouvelles solutions, a été financé via le GAL, développe Gilbert Küpper. Après, le concret sur le terrain, le balisage, … avec LEADER ce n’est pas possible, donc ça a été pris en charge par la Communauté Germanophone, la Province et les Communes. » Et la prise en charge de l’aspect matériel du projet par les communes notamment permet d’assurer une certaine pérennité au projet : ce sont elles qui sont, par la suite, en charge de l’entretien du réseau. « Et ça marche assez bien, se réjouit Dany Heck. Je reçois les plaintes ou les informations sur le réseau de la part des touristes et j’envoie directement à l’échevin du tourisme responsable. Les chemins sont très courts et la réactivité est très bonne. Endéans les 2-3 jours les problèmes sont réglés. »
Évidemment si ce projet a pris du temps à être élaboré, c’est non seulement parce que la construction d’un maillage est un travail de longue haleine, mais aussi parce qu’une partie du rôle du GAL a été de convaincre les acteurs touristiques de la plus-value du projet : « Cela a pris 10 ans en tout et c’était bien nécessaire, raconte Dany Heck. Cela a généré des émotions, des hésitations de la part des membres des Syndicats d’Initiative qui soignaient leurs boucles depuis souvent 30 voire 40 ans. »
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GALERIE
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Ce projet est possible grâce au financement du FEADER, notamment aux Mesure 19 – LEADER (GAL 100 villages – 1 avenir) du Programme wallon de Développement rural, co-financée par la Wallonie et l’Europe.