Quand les plants

ont la patate

 

En frites, en purée, en croquettes, au four, au barbecue, macaire ou en robe des champs, la pomme de terre est une institution en Wallonie. Mais si la patate se retrouve dans toutes les bonnes cuisines de nos régions, on la cultive aussi largement dans nos campagnes. En début de chaîne, on retrouve notamment condi-plants, une coopérative d’agriculteurs, soutenue par le FEADER, qui produit des plants certifiés.

LE PROJET

Au cœur de Gembloux, on entend les véhicules circuler, les machines résonner, et les pommes de terre rouler rapidement vers des sachets. Nous sommes au sein de la coopérative de Condi-plants, dont le travail bat à plein régime : en ce mois de novembre 2020 l’ensachage des plants de pommes terre commence doucement à ralentir avant l’arrivée de l’hiver.

C’est Bernard Von Wullerstorff, l’administrateur délégué de Condi-plants, qui nous reçoit pour nous faire découvrir sa coopérative. Entouré de dizaines de palettes remplies de plants de pommes de terre, il raconte : « Condi-plants c’est une société coopérative de 7 agriculteurs, donc 7 coopérateurs. On produit des plants de pommes de terre certifiés dans la région de Gembloux. Donc ces plans sont triés, calibrés, tirés, réceptionnés ici. Mis en sac et préparés pour la vente. » Une grande partie de la production (environ 70%) est destinée à l’exportation hors de l’Europe. 

Depuis plus de 30 ans, la coopérative s’est développée sur le marché du plant de pomme de terre. Il ne s’agit donc pas de produire de la pomme de terre de consommation, mais bien des plants de pomme de terre dits « certifiés », c’est-à-dire qui respectent une série de normes sanitaires et législatives, afin d’être ensuite replantés pour faire pousser des patates dans le monde entier. « On produit plus ou moins 250 hectares ici dans la coopérative, ce qui représente plus ou moins un quart de la production wallonne de plants de pommes de terre certifiés » explique Bernard Von Wullerstorff.

Mais pourquoi avoir adopté la forme d’une coopérative ? L’administrateur précise : « La forme de coopérative est la seule forme pour les agriculteurs qui veulent produire des plants de pommes de terre ici en Belgique, ou en Wallonie, de faire fonctionner ce système. Parce que tous les investissements, toute l’infrastructure qu’il faut, c’est infaisable seul , même un grand agriculteur ne pourra pas le faire. » S’associer entre agriculteurs du même domaine semblait donc une évidence. 

Malgré l’impact de la crise sanitaire sur le secteur, le coopérateur garde beaucoup d’espoir dans l’avenir : « Il y a certainement un avenir pour la coopérative, voilà le Covid ne va pas arrêter ça. Je pense que le plant de pommes de terre a certainement un avenir (…) Donc je pense qu’il faut même penser plus large, et s’agrandir dans un avenir assez proche. » Et cet avenir passe aussi par la coopération avec d’autres agriculteurs : condi-plants met alors ses moyens à disposition de plus petits producteurs, ou pour de gros industriels, par exemple via la découpe de pommes de terre. 

Mais le coopérateur reste évidemment prudent : « Naturellement il faut que le Covid passe d’abord, pour que tout le monde puisse un peu voir un peu plus loin que demain matin… » On lui souhaite donc, comme à beaucoup, une sortie de crise rapide et sous les meilleurs auspices.

Une entreprise de grande ampleur, qui a bénéficié du soutien du FEADER lors de son développement : « Grâce à cette aide on a pu financer une ligne d’ensachage, se réjouit Bernard Von Wullerstorff. Les plants de pommes de terre viennent en vrac et sont mis en sac entre 5, 10, 20, 25 à 50 kg, pour après être palettisés. Cette machine de 2015 permet vraiment d’aller beaucoup plus vite, d’être plus efficaces, et permet aussi naturellement d’être moins contraignant pour l’opérateur (…) qui gère la machine. Parce qu’elle est beaucoup plus automatisée qu’avant. » 

Malheureusement, contrairement à celle d’Alain Bashung, leur « petite » entreprise a connu la crise en 2020, comme beaucoup d’autres dans le secteur de la pomme de terre. La fermeture de l’Horeca a fortement impacté le secteur, et ce sont des tonnes de pommes de terre qui se sont retrouvées excédentaires, faute de restaurateurs pour les transformer. 

Et même s’ils ne produisent pas directement de la pomme de terre de consommation, les 7 coopérateurs n’ont pas été épargnés « On a eu quelques difficultés, et quelques craintes, début mars (NDLR : 2020, au début de la crise du Covid) par rapport à ce stock qu’on avait encore, qui était prévu pour être envoyé par camion principalement, se souvient-il. Finalement tout est parti, (…) c’était assez chaud pour faire tourner la boîte quasiment 24 sur 24 pour tout sortir, avant que tout ne ferme complètement. Mais ça, bon, in fine ça a été. Maintenant le grand impact, c’est le prix de la pomme de terre de consommation, qui a naturellement un impact sur la production de plants de pomme de terre. Mais là c’est hors de nos mains, (…) ce sont des marchés qui montent et qui descendent. Mais on reste optimistes pour l’année prochaine. »

GALERIE

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Ce projet est possible grâce au financement du FEADER, notamment à la Mesure 4.2  – Investissements dans la transformation et la commercialisation des produits agricoles et/ou le développement de produits agricoles du Programme wallon de Développement Rural,  co-financée par la Wallonie et l’Europe. Envie d’en savoir plus sur le projet? Découvrez la vidéo du RwDR.

Découvrez-en plus sur le Programme wallon de Développement Rural et son réseau :
www.reseau-pwdr.be