Un GAL ami des aînés

 

Les séniors sont une population qu’on sait fragilisée, encore plus en zones rurales, où il n’est pas toujours facile de trouver les informations dont on a besoin concernant les services de proximité. C’est à cette problématique qu’a décidé de s’attaquer le GAL Jesuishesbignon.be avec le lancement en 2021 de son « guide des aînés ».

LE PROJET

Nous sommes à Waremme par une fraiche matinée d’automne 2021. Les équipes du GAL Jesuishesbignon.be sont en train de déballer de nombreuses caisses, l’odeur du papier et de l’encre envahit doucement la pièce. Dans ces caisses, dix versions du « guide des aînés » pour les dix communes impliquées dans le projet, qui viennent tout juste de sortir des presses. « Aujourd’hui, c’est la finalisation du Guide des Aînés qui a été mis en place par le GAL, mais avec les ainés, par les ainés et pour les ainés » explique Sigrid Stephenne, ancienne chargée de mission vieillissement du GAL Jesuishesbignon.be. 

Mais qu’est-ce qu’un « guide des aînés » ? Il s’agit d’un document qui entend donner une série d’informations pratiques, liées au territoire, à destination des aînés autour de huit thématiques : lieux de vie, information et communication, engagement citoyen, respect et inclusion sociale, mobilité, santé et aide à la personne, espaces et bâtiments publics, et enfin loisirs. Dans le guide du GAL, il y a à la fois un volet « transcommunal » qui concerne les 10 communes du projet, et un volet communal qui va reprendre une série d’informations spécifiques liées à la commune, comme par exemple « les coordonnées des personnes qui pourraient être contactées à l’administration, explique Adrienne Pesser, chargée de mission vieillissement au GAL Jesuishesbignon.be, au service du CPAS, qui explique un petit peu le service du CPAS, s’il y a une bibliothèque sur le territoire et les coordonnées des bibliothèques, si le bibliobus passe dans la commune et ses horaires, … (…) c’est un travail d’orfèvre puisqu’il y a dix versions du guide à raison d’une version par commune puisqu’il y a 10 communes participantes. »

Ce guide a été non seulement un travail d’ampleur, mais également un travail de longue haleine puisqu’il a commencé à l’été 2020 pour une impression du guide en septembre 2021. « Ce sont 10 communes du territoire du GAL qui se sont regroupées, précise Adrienne, principalement des membres des CCCA, donc Conseils communaux consultatifs des Ainés, qui se sont réunis, avec des membres de l’administration ou du CPAS de chaque commune, et aussi des échevins et des échevines qui ont dans leurs attributions les ainés. Je dis 10 communes car le GAL est un territoire de 11 communes, mais malheureusement il y a une commune qui n’a pas su participer faute de ressources humaines. C’est Oreye. Donc les communes participantes, il y a Amay, Berloz, Geer, Faimes, Fexhe-le-Haut-Clocher, Remicourt, Donceel, Verlaine, Villers-le-Bouillet et Waremme

Comme le mentionnait Sigrid Stephenne, il ne s’agissait pas de créer un guide des aînés conçu par des plus jeunes : l’objectif du GAL était d’impliquer les aînés dès la création du guide. Ce sont dix binômes qui ont été mis en place avec un aîné et un membre de l’administration communale, représentant chacun leur commune. La force du projet ? Il a été conçu « en partant des ainés, souligne Françoise Wibrin, membre du Conseil communal consultatif des Aînés de Amay et à la manœuvre du binôme de la même commune, on ne fait pas les choses pour eux ni à leur place et ça c’est essentiel dès le départ. Et je pense que c’est pour cela que ça marche, c’est un élément vraiment essentiel. » Car souvent quand on pense aux aînés, on pense directement à la question de la santé, or, en réalité, les besoins sont similaires tout au long de la vie : « Quand on a 10, 20, 50, 70, 90 ans, on a les mêmes besoins, insiste Sigrid. Ce qu’il y a c’est qu’on considère que les ainés n’ont plus besoin que d’un médecin à proximité mais ce n’est pas vrai. On a besoin de s’amuser, on a besoin d’avoir des amis, on a besoin d’ouvrir un ordinateur, on a besoin d’être informé. Donc bien sûr les moyens ne sont pas les mêmes mais les besoins sont les mêmes. (…) Alors oui dans le guide santé il y a quatre pages et pour d’autres thématiques il y a deux pages. »

C’est vraiment en partant des aînés, on ne fait les choses pour eux à leur place et ça c’est essentiel dès le départ. Et je pense que c’est pour cela que ça marche, c’est un élément vraiment essentiel.

Françoise Wibrin

Devant une quantité impressionnante de guides imprimés, se posait évidemment la question de la diffusion : comment les aînés vont-ils avoir accès à ces guides ? « Il va y avoir un toute-boite, distribué dans les 10 communes participantes très prochainement, précise Adrienne. On a voulu cibler absolument toute la population parce qu’on s’est dit que, peut-être, un petit fils serait intéressé d’aller chercher ce guide pour ses grands-parents. Que les grands-parents ne feraient pas forcément la démarche eux-mêmes d’aller le chercher ou de se renseigner. » Malheureusement il n’y en aura pas pour tout le monde, il a bien fallu calculer le nombre d’exemplaires à imprimer : « on a calculé le nombre de personnes qui seraient intéressées par la version papier en posant des questions, souligne Sigrid. Sur les personnes de plus de 70 ans on s’est rendu compte qu’il y avait 1/3 qui aurait vraiment besoin de la version papier et donc on est parti sur cette impression-là. Et ça le GAL finance donc on a dû à un moment limiter. Mais chaque commune a la possibilité de réimprimer aussi puisqu’ils auront les outils et le matériel pour le faire. » De plus, le format du guide a également été discuté, pour qu’il soit le plus évolutif possible : il s’agit d’une farde, dans laquelle on peut donc retirer ou ajouter des feuilles : « Ça c’est vraiment important, dès le début aux premières réunions, se souvient Sigrid. On avait amené plein de guides différents (…) et réfléchit  ensemble quelle est la forme que ce guide doit avoir selon les ainés (…) C’est eux qui ont fait le job il faut le dire. » 

Mais il n’y a pas que la version papier qui est mise à disposition : « Il y aura surtout une version numérique qui sera mise en ligne sur le site des communes et des CPAS et peut-être des CCCA s’ils ont une page propre, précise Adrienne. On tend aussi vers la numérisation, les ainés sont de plus en plus à l’aise avec tout ce qui est digital, … donc voilà il n’y a pas de limites. Et en plus cette partie numérique pourrait être actualisée ce qui va être plus compliqué avec la partie papier. »

Enfin, quand on leur pose des questions sur l’avenir du guide, puisque le GAL arrive en fin de programmation, Adrienne nous explique qu’il est question que ce soit chaque commune qui soit maître de l’évolution de la partie de son guide. Quant à la version transcommunale, qui était prise en charge par le GAL, il faudra sans doute qu’un GAL soit mis en place en 2023-2027 pour que cette partie soit actualisée.

Il était essentiel pour le collectif d’aborder la question du vieillissement sous un aspect positif, comme celui des loisirs par exemple, parce que la perception des aînés est souvent négative « on en parle en termes de coûts, souligne Françoise, le coût des pensions, le coût du vieillissement, des charges et on n’est d’ailleurs pas vraiment intervenu sur ces choses-là. » 

 Rappelons-le, les premières rencontres ont eu lieu à l’été 2020, juste avant la 2eme vague du covid. Elles ont donc rapidement dû basculer en virtuel : « C’était certainement un frein, souligne Adrienne, mais nous avons eu la chance d’avoir dans notre groupe de travail un ainé retraité mais qui était informaticien et donc il a fait une formation. Les autres membres du GT, pas seulement les ainés, les autres membres de l’administration ont pu participer à une formation sur l’utilisation du drive. » 

Le groupe a réussi à relancer la dynamique en mode « virtuel » : « On s’aidait l’un l’autre, se souvient Sigrid. Quand quelqu’un avait du mal à se connecter, à faire des choses sur le drive, (…) on corrigeait ensemble, on faisait des commentaires ensemble. On avait vraiment une chouette dynamique parce que quand quelqu’un avait un souci, il contactait l’autre. Et on se voyait toutes les semaines. » « Quasiment tous les mardis matin, enchaîne Françoise. (…) Et ce que moi je relève comme point le plus positif c’est  (…) ce travail d’équipe. C’était vraiment un enrichissement permanent parce que les idées intéressantes d’une commune étaient partagées par d’autres et c’est vraiment un travail d’ensemble, vraiment un travail d’équipe. »

S’ils avaient plaisir à se retrouver les mardis matin en virtuel « On aspirait vraiment à se retrouver en présentiel » explique Françoise. La rencontre de septembre était donc l’occasion, outre de lancer le guide, de permettre également au collectif de se retrouver en présentiel.

Mais en quoi était-ce intéressant que le guide soit créé par un GAL plutôt que directement par une commune ? Avant tout, le côté supra communal : « Là, on a vraiment réussi je trouve à faire cette fameuse cohésion, se souvient Sigrid.  Et ici, grâce au guide, on a  (…) pu réunir autour d’un projet concret tous des ainés de toutes les communes du GAL rentrées dans le projet « Wallonie Amie des Aînés » (WADA). Maintenant il y a  un socle de collaboration et de coopération entre les 10 communes et ça c’est vraiment intéressant. » Parce que le lien avec le projet à l’échelle wallonne « Wallonie Amie des Aînés » était également au fondement même de la démarche, c’est notamment lui qui a apporté l’idée des 8 thématiques à traiter. L’innovation du projet du GAL ? Alors que, habituellement, les projets WADA étaient uniquement à une échelle communale, le GAL a mené son projet à une échelle supracommunale, instaurant une nouvelle dynamique, à une autre échelle: « Un territoire supracommunal de 10 communes c’est ce qui fait toute la richesse de notre travail. » insiste Adrienne.

Un ainé il a son âge bien sûr mais il y a toutes sortes de choses qu’il continue à faire et qu’il a envie de faire et même si parfois il y a un handicap qu’il soit physique ou autre, il y a plein de choses possibles pour les aînés donc c’est vraiment dans cet esprit-là qu’on a voulu concevoir le guide.

Françoise Wibrin

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Ce projet est possible grâce au financement du FEADER, notamment à la Mesure 19 – LEADER (GAL Jesuishesbignon.be) du Programme wallon de Développement rural, co-financée par la Wallonie et l’Europe.

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