Street-art à Saint-Hubert

 

Quand on parle de street-art, ce sont souvent de grandes cités comme New-York ou Berlin qui viennent à l’esprit. Et pourtant, durant le début de l’été, le street-art s’est invité à St Hubert grâce au GAL Nov’Ardenne et à la Maison des Jeunes de St Hubert. Focus sur un projet qui mêle habilement art et intégration des jeunes

LE PROJET

C’est dans la capitale de la nature et de la chasse que nous nous retrouvons ce 1er juillet 2020. Et pourtant dans cet article nous ne parlerons ni de nature, ni de gibier. Car la première chose que nous apercevons avant d’entrer dans la maison de jeunes de St Hubert, c’est une gigantesque fresque en graffiti sur le parking et une dizaine de jeunes à l’ouvrage. Ça rigole, ça court un peu dans tous les sens, … mais surtout ça crée ! Ce sont, en effet, 11 jeunes qui ont réalisé cette fresque, à l’occasion d’un stage organisé par le GAL Nov’Ardenne et la Maison des Jeunes de St Hubert. 

A l’origine du projet, le GAL avait pour désir de donner la parole aux jeunes du territoire :

« Il fallait des choses concrètes », explique Gautier Poncin, chargé de mission cohésion sociale au GAL Nov’Ardenne. Mais comment mobiliser les jeunes ? Ils sont, en effet, souvent difficiles à impliquer dans des projets qui leur semblent souvent abstraits. Le GAL a mené une consultation de divers acteurs de terrain, et c’est rapidement l’idée du street-art qui a émergé, offrant aux jeunes la possibité de faire porter leur voix dans le paysage du GAL.

Après le succès de la première édition de stage 2019, qui avait vu la création de mobilier urbain à base de palettes, actuellement installé devant le Centre Culturel de Libramont et à Transinne, le GAL a décidé de continuer sur sa lancée. « L’objectif c’est que les jeunes s’expriment, créent, se rencontrent, se réapproprient l’espace public, … Évidemment ce sont de grandes théories ! » s’amuse le chargé de mission. C’est un parking public que les jeunes ont pu investir : « Les gens de St-Hubert vont venir et voir les messages qu’on veut faire passer, nous explique l’une des adolescentes qui participe au stage. Il y avait des murs blancs, c’était un peu vieillot et maintenant on a mis des couleurs. Il y a des gens qui sont déjà venus voir et ils trouvent ça joli avec les couleurs. Il y a le style de tout le monde donc ça c’est chouette ! »

La ruralité est aussi dynamique que les grandes villes (…) C’est ça aussi le développement rural !

Gautier Poncin

Les adolescents présents n’ont pas laissé passer cette occasion de s’exprimer : la fresque est en effet remplie à la fois de références à l’art populaire, comme les mangas, mais aussi de revendications politiques. « Ils expriment l’actualité, par exemple avec des références à Black Live Matters » précise Gauthier Poncin. L’une des artistes en herbe nous explique « Mon message avec mon graffiti c’est une femme, souvent les filles sont insultées de ‘‘putes’’ ou se font violer. On ne sait pas justifier un viol ou ce genre de trucs. Du coup j’ai dessiné une femme nue pour cela. Et de couleur brune, contre le racisme. » Une autre adolescente complète « Je suis à fond dans le féminisme du coup je veux juste faire comprendre qu’il n’y a pas de différence entre les gens, on est tous égaux. Pas besoin de ’’toi t’es noir, j’t’aime pas, toi t’es gay j’t’aime pas. ’’ On est tous les mêmes. »

La fresque en témoigne : le projet est un franc succès, dont le résultat pourra être admiré par les habitants et touristes de St Hubert puisque situé dans un parking public. « J’ajouterais que le street-art en région rurale c’est important. L’idée que le street-art c’est dans des grandes villes, ce sont des murs qu’on voit à Namur, Bruxelles, … Mais la ruralité est aussi dynamique que les grandes villes. C’est aussi important d’offrir ça. De donner la possibilité d’avoir accès à ce genre de stage à des jeunes qui habitent par ici. C’est aussi ça le développement rural. Je trouve que c’est un bel exemple ! » conclut Gauthier Poncin.

Le lien avec la Maison de Jeunes a été essentiel dans la mise en place du stage 2020 « C’est vrai qu’on a des bons liens avec le GAL Nov’Ardenne (…) On est à la fois dans le pôle culturel et social. Lors du stage précédent on en avait fait la promotion. Ici le partenariat s’est mis en place naturellement, l’espace de la MJ s’y prêtait bien. » explique Arnaud David, coordinateur de la Maison de Jeunes de St Hubert. Et si l’un des plus grands obstacles fut évidemment la crise COVID, cela n’a pas empêché le stage d’être complet en seulement quelques jours : « On avait vraiment la volonté que ça soit adressé aux jeunes des 4 communes, et les inscriptions ont été très vite. Avant même qu’on lance la pub j’avais déjà 5 jeunes intéressés » précise le coordinateur.

Le succès du stage n’est, à vrai dire, pas vraiment une surprise : « Quelle chance pour les jeunes d’avoir ce type de stage ! » se réjouit Arnaud David. « Surtout au niveau graffiti… Le graffiti ça a un coût, en plus en Ardenne, qui est quand même un milieu rural où il est rare d’avoir du street art et du graf’. C’est une chance pour les jeunes. En plus ça dure une semaine entière ! » complète Gauthier Poncin. Un stage entièrement gratuit pour les jeunes car financé par le fonds FEADER et les 4 communes situées sur le territoire du GAL : Libin, Libramont, Saint-Hubert et Tellin.

On ne sait pas justifier un viol ou ce genre de trucs. Du coup j’ai dessiné une femme nue pour cela. Et de couleur brune, contre le racisme.

Envie d'en savoir plus sur les Groupes d'Action Locale wallons?

GALERIE

Découvrez les photos du projet

Ce projet est possible grâce au financement du FEADER, notamment à la Mesure 19 – LEADER (GAL Nov’Ardenne) du Programme wallon de Développement rural, co-financée par la Wallonie et l’Europe.

Découvrez-en plus sur le Programme wallon de Développement Rural et son réseau :
www.reseau-pwdr.be