Quand la culture passe de villages en villages

Dès que les beaux jours reviennent, le territoire du GAL Culturalité en Hesbaye brabançonne s’anime et donne vie à ses villages grâce à « Scène de villages », un événement qui a lieu tous les ans et qui investit les places de l’Est du Brabant Wallon avec des arts vivants.

LE PROJET

C’est lors d’un après-midi estival qu’Élise Vincke, la chargée de mission culture du GAL Culturalité, nous reçoit : l’air est chaud, presque orageux, et les spectateurs commencent à rejoindre l’événement. Les acteurs s’apprêtent, les enfants jouent, les premiers conteurs sont entrés en scène, et déjà une caravane (« l’objet mobile » de la tournée, nous vous en parlerons plus loin) expose les essais de monogravure des curieux.  On entend résonner au loin le bruit d’une machine à écrire : une artiste y fait le portrait écrit d’un enfant sagement assis sur un tabouret.

C’est la troisième escale de « Scène de villages 2021 » qui débute. Cet événement s’invite dans les espaces publics du territoire du GAL Culturalité depuis 2017, et met en valeur les lieux patrimoniaux, facilite les rencontres humaines et contribue à rendre la culture accessible à un public familial. Des objectifs parfaitement en phase avec les projets du Groupe d’Action Locale Culturalité en Hesbaye Brabançonne.

Une tournée qui se caractérise notamment par la diversité de la programmation et des lieux de représentation. « Nous voulons faire circuler les citoyens sur le territoire, leur montrer que les choses bougent et que le spectacle est à chaque fois différent », explique Elise Vincke. L’un des atouts de cette tournée, c’est également sa gratuité : « L’objectif c’est vraiment de favoriser l’accès à la culture pour tous, et pour toutes » confirme-t-elle. C’est également à cette fin que, en amont des rencontres, le GAL, en partenariat avec Article 27, organise des animations autour d’un « objet mobile », qui accompagne ensuite chaque escale de la tournée : « le fil rouge c’est l’objet mobile. Cette année c’est la caravane Impressionne de ton village, avec les ateliers de gravure et d’impression. […] On fait des ateliers en amont pour activer l’aspect participatif, avec les habitants, et puis le fruit des ateliers est montré sur les Scène de villages. » Cet objet, qui voyage ensuite au fil des escales, fait l’objet d’ateliers avec les publics de CPAS, d’Aides en Milieux Ouverts, de Maisons de Jeunes, etc. Ces personnes sont ensuite évidemment invitées à revenir pendant la tournée estivale. Une belle façon d’intégrer toutes sortes de publics à ces événements, qui peuvent parfois sembler réservés à un public plus restreint.

Je pense que, l’année qu’on vient de vivre c’était très stressant, très angoissant, et ça fait du bien de pouvoir se laisser emmener pendant une demi-heure, ou une heure, de spectacle. Dans une histoire, ou dans un monde imaginaire.
Elise

Chargée de mission

Si la tournée existe depuis 2017, et que ce sont toujours les 7 mêmes communes qui sont visitées, pas question de s’installer dans une routine ! « On tourne de village en village, c’est-à-dire que, pour le moment on n’a pas encore investi deux fois le même endroit » rappelle Élise. L’idée est également de faire un véritable parcours, que les habitants d’une commune suivent les escales de village en village, et découvrent toute la tournée. « Ça, on le voit d’année en année, insiste Élise. Que ça prend et que les gens aiment bien le concept. » L’événement commençant à être de plus en plus connu, les habitants de la région ont tendance à assister à plusieurs escales, et à découvrir leur région. Et afin de ne pas lasser le spectateur, c’est soigneusement que la programmation de chaque événement est élaborée par Julie et Élise « On essaie toujours que dans la programmation, il y ait un équilibre entre des artistes locaux et des artistes d’ailleurs, et qu’il y ait un mélange des styles programmés, pour que toutes les générations s’y retrouvent. Les petits, les grands-parents, … C’est essentiellement familial, et on essaie qu’il y ait un équilibre dans les disciplines représentées. »

Comme pour tous les projets de Groupes d’Action Locale, le financement est limité dans le temps, à une période de programmation du Programme wallon de Développement Rural. Se pose donc forcément la question de la pérennité du projet, notamment si le GAL devait ne pas être renouvelé. Le Centre culturel du Brabant wallon pourrait sans doute continuer l’initiative, puisqu’il est déjà en grande partie à la manœuvre : « Cela fait sens pour le Centre culturel, conclut Elise. On constate depuis quelques saisons que de plus en plus d’événements en plein air voient le jour ; en plus de la décentralisation, c’est notamment plus facile au niveau des mesures sanitaires. » Et si on espère tous que les mesures sanitaires ne seront plus d’actualité à l’été 2022, cela n’empêchera sans doute pas les événements en extérieur de se multiplier lors de la saison à venir !

Pour plus d’informations :

https://culturalite.be/les-missions-du-gal-culturalite/culture/scene_de_villages/

https://www.ccbw.be/projet/scene-de-villages/

 

Au fil des différentes escales, le public reste résolument familial : avec une programmation destinée aux plus petits en début d’après-midi (par exemple à travers la lecture de contes) et qui s’adresse de plus en plus aux adultes au fil de l’après-midi, avec un concert pour clôturer la journée. La programmation fait, de plus, la part belle aux troupes locales et compagnies professionnelles actives sur le territoire. Des compagnies qui, paradoxalement, ne sont pas toujours connues dans leur commune. « Une compagnie, par exemple « les Royales Marionnettes » qui ont joué partout : en France, en Belgique,… en 2020 a énormément joué dans le Brabant wallon... souligne Élise. Et en fait ils nous disaient « on n’a jamais joué autant près de chez nous« . Parfois il y a des compagnies qui ne sont pas connues par leurs voisins. »  Une belle occasion de faire (re)découvrir leurs artistes aux brabançon·ne·s. Compagnies de théâtre, de comédiens ou de cirque professionnel, le choix des artistes est un travail d’équipe qu’Élise mène en concertation avec sa collègue Julie Delecocq, qui travaille également au sein du Centre culturel du Brabant wallon.

Évidemment, la crise sanitaire a quelque peu chamboulé le programme de la tournée. Jauges, masques, beaucoup de contraintes étaient en vigueur, surtout au printemps 2021, date de début de la tournée. Qu’à cela ne tienne, les escales ont tout de même eu lieu, pour le plus grand plaisir des artistes et spectateurs. « Je pense que, l’année qu’on vient de vivre [NDLR : 2021] c’était très stressant, très angoissant, et ça fait du bien de pouvoir se laisser emmener pendant une demi-heure, ou une heure, de spectacle, ajoute Élise. Dans une histoire, ou dans un monde imaginaire. » Et puisque nous sommes nombreux à avoir été rivés à nos écrans durant les confinements successifs, l’art vivant semble d’autant plus pertinent comme bouffée d’air :  « on interagit, en fait, avec les artistes, avec les comédiens ».

Le fait que le projet ait été porté par un GAL a très probablement facilité son succès, notamment grâce à l’approche transcommunale et la bonne connaissance de son territoire : « on travaille ici dans le cadre de la fiche projet « culture », dont le but est aussi de créer des liens avec les acteurs du territoire », précise la chargée de mission. Le projet travaille donc tant avec des artistes directement, que avec des communes, des CPAS, des producteurs locaux, … « Et par exemple ici sur l’escale Scène de villages à Ramillies, on a fait un lien avec le projet biodiversité du GAL. Ce matin, il y a eu deux visites de la réserve naturelle de la Taisnière. Cet après-midi, on fait du lien avec le projet patrimoine, avec une balade petit patrimoine, qui était organisée aussi par une des collègues du GAL. Donc on essaie vraiment de tisser des liens entre tous les projets. Parce que même si on fait des choses différentes, notre but c’est de faire vivre le territoire sur plein de niveaux différents » sourit Élise Vincke. Et c’est une véritable plateforme, créée en lien étroit avec le Centre culturel du Brabant wallon, qui a été lancée grâce à la fiche projet du GAL : « Le projet a été créé par les partenaires des sept communes du territoire, confirme la chargée de mission. Quant au public, il commence à nous suivre et apprécie les spectacles. Rappelons l’importance d’associer les centres culturels dans la démarche. Ils sont d’excellents relais et disposent de contacts utiles à l’organisation de ce genre d’événements. »

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Ce projet est possible grâce au financement du FEADER, notamment à la Mesure 19 – LEADER (GAL Culturalité en Hesbaye Brabançonne) du Programme wallon de Développement rural, co-financée par la Wallonie et l’Europe.

Découvrez-en plus sur le Programme wallon de Développement Rural et son réseau :
www.reseau-pwdr.be