Préserver les eaux entre Vesdre et Gueule

 

Ne serait-ce que à cause de son nom, tiré de deux cours d’eau qui le bordent, le Groupe d’Action Locale Entre-Vesdre-et-Gueule semblait prédestiné à s’intéresser à l’eau de son territoire. C’est en collaboration avec le Centre Nature Haus Ternell de la Communauté Germanophone que le GAL mène des actions de sensibilisation à la préservation des eaux du territoire.

LE PROJET

C’est par une chaude journée d’été que Ingrid Rosenstein nous reçoit, au CRIE d’Eupen, également Centre Natura Haus Ternell, d’où de nombreuses balades au cœur des Fagnes démarrent. De nombreuses familles sont venues profiter d’un peu de fraîcheur le long des quelques rus et rivières, ainsi que du calme des sentiers bordés de résineux. Ingrid est en plein dans son élément : elle travaille, en effet, au Centre Nature depuis plus de 20 ans. « Je suis biologiste et travaille comme guide nature, comme éducatrice, enseignante en éducation à l’environnement » nous explique-t-elle.

Elle est chargée, depuis 2017, du projet de sensibilisation à la préservation des eaux de surface, mais aussi souterraines, du GAL Entre-Vesdre-et-Gueule. « Il y a quatre piliers importants dans le projet, précise Ingrid. L’assainissement en zones collectives, l’assainissement en zones autonomes, la gestion des précipitations et l’état des cours d’eau (hydromorphologie : forme, substrat, tout ce qui est naturel, …) »

Car l’état de nos eaux s’est largement dégradé au fil des années : que ce soit à cause de l’agriculture intensive, ou de la pollution de particuliers (déversant, par exemple, des produits chimiques dans leurs toilettes plutôt que de les amener au Parc à Conteneurs). La sensibilisation se doit donc d’être faite à tous les niveaux : animation dans les écoles, contact avec les agriculteurs, mais aussi formation du personnel communal, … les tâches d’Ingrid sont vastes. « Et bien sûr aussi tous les gens qui habitent dans les trois communes du GAL » ajoute-t-elle, car la qualité des eaux, cela reste un bien commun.

Enfin, le troisième grand pan de son travail consiste à travailler avec les communes pour améliorer la qualité de l’eau, même si un grand frein s’impose à elle : les communes ne sont pas compétentes en ce qui concerne l’épuration des eaux, c’est au niveau de la Région Wallonne que cela se joue. Elle aimerait donc, dans un monde idéal, pouvoir développer le projet au niveau de la Wallonie : « Il n’y a pas assez de canalisations, stations d’épuration, c’est normalement la Région Wallonne qui doit réagir et non les communes. Ce que les communes peuvent faire soutenir les investissement des habitants qui installent des stations d’épuration individuelles ou groupées. »

Si le projet arrive bientôt à terme, Ingrid aimerait évidemment qu’il perdure dans le temps. Même si les ménages, à titre individuel, ne peuvent pas toujours agir à grande échelle sur la qualité des eaux, il est certain que son travail de sensibilisation aura amélioré les pratiques de nombreux habitants de la région. Enfin, c’est le guide nature qui est en elle qui se met à rêver en fin d’interview : « J’aimerais pouvoir restaurer un petit ruisseau dans la commune d’Eupen, même si je ne change pas grand-chose, je veux faire cela en collaboration avec la commune et des spécialistes/experts. Pour montrer aux gens que, normalement, une rivière coule comme ça, et n’est pas encadrée dans du béton : il y a des méandres, il y a un substrat naturel, c’est normal que des plantes poussent sur les rives, … j’aimerais montrer un exemple de comment une rivière naturelle se comporte. Parce qu’il y a beaucoup de promeneurs qui disent que ce n’est pas « rangé » ici… Mais c’est parce que c’est naturel ! Couper la végétation ce n’est pas la nature, ce n’est pas écologique » Et quel meilleur lieu pour restaurer un ruisseau que le Centre nature d’Eupen ? Nous ne pouvons donc que lui souhaiter beaucoup de réussite dans ses futures aventures.

L’un des volets principaux de son action est le travail dans les écoles : elle sillonne, de septembre à juin, les classes de la région, notamment à l’aide d’un jeu de société, spécialement conçu pour sensibiliser les jeunes à la préservation des eaux. Un jeu de plateau collaboratif, intitulé « O’berges » en français, grâce auquel les jeunes découvrent les nombreux enjeux liés aux cours d’eau. Le pitch ? Les élèves incarnent agents techniques des cours d’eau, naturalistes, agriculteurs, ouvriers communaux ou encore pêcheurs… et doivent, ensemble, résoudre une série de problèmes afin d’améliorer l’état des rivières.

« J’organise aussi des rencontres avec les agriculteurs, gens habitants dans zones plus rurales, formations pour éco-conseillers, …» poursuit Ingrid. Mais il n’est pas toujours évident de nouer le discours avec certains agriculteurs : « il y a ceux qui sont sensibilisés, développe-t-elle. Mais il y aussi ceux, surtout les organisations qui sont derrière, qui ne comprennent pas qu’ils ont un grand impact sur l’eau. Au début du projet, j’ai organisé une rencontre et on m’a répondu « mais qu’est-ce que vous nous voulez ? » Il s’agit donc de travailler main dans la main avec les agriculteurs désireux de réfléchir à leurs pratiques : « Il y a aussi ceux qui veulent changer quelque chose, évidemment » sourit la chargée de mission.

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GALERIE

Découvrez les photos du projet

Ce projet est possible grâce au financement du FEADER, notamment à la Mesure 19 – LEADER (GAL Entre-Vesdre-et-Gueule) du Programme wallon de Développement rural, co-financée par la Wallonie et l’Europe.

Découvrez-en plus sur le Programme wallon de Développement Rural et son réseau :
www.reseau-pwdr.be