CAP SUR LEs métiers
de la terre

 

Un projet qui permet à des personnes fragilisées d’être accueillies
par des agriculteurs au sein de fermes, afin de recréer
le lien entre social et agriculture
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LE PROJET

Ils sont trois au centre de ce projet : Eric, José et Antoine. Eric a eu un parcours de vie compliqué, et est actuellement bénéficiaire du Revenu d’Insertion Sociale. Toute les semaines, il passe une demi-journée ou plus à « donner un coup de main » à la ferme, et rend du sens à son quotidien.

José est agriculteur « depuis 5 ou 6 générations, tout le monde est dans le milieu agricole ». Il accueille des personnes dans sa ferme depuis 2 ans et demi, dont Eric depuis quelques mois.

Enfin Antoine, éducateur spécialisé et employé au CPAS de Soignies, fait le lien entre Eric et José : c’est lui qui les a présentés, mais aussi qui les a accompagnés dans les débuts de cet accueil à la ferme. 

Tous les lundis, Eric vient chez José, pour l’aider dans diverses tâches, même si forcément il ne sait pas tout faire, comme l’explique José « Je ne peux pas les mettre sur une machine, je ne peux pas lui dire de conduire un tracteur, donc c’est plutôt des histoires de travail manuel quoi (…) Ce n’est pas donné à tout le monde… Autrement il serait derrière un bureau ! rigole-t-il. On sait bien que ce ne sont pas des gens aisés, faciles ni rien qui sont là-dedansC’est vraiment quelqu’un qui était bien, qui est redescendu, et qu’il faut remettre un peu au boulot. » L’agriculteur va expliquer avec patience et pédagogie les tâches qu’il va falloir accomplir au fil de la journée. Ici, le programme reste assez simple : paillage, arrachage de chardons, nettoyage de l’étable…

C’est une véritable routine qui s’est mise en place entre José et Éric « Il prend même des initiatives lui-même. Par exemple au matin j’étais au beurre avec mon épouse, et je lui ai dit “tu peux aller Eric”, et puis de toute façon je me suis dit qu’il allait bien trouver quoi faire, explique José.Et il a trouvé. Il y avait de la paille à ramasser, un petit peu de maïs mauvais dans les silos à embarquer, … ». Eric complète « Je nettoie, je paille, et je fais ce qu’on me dit, rigole-t-il.Tant que je suis à l’heure ! Et même que je suis dès fois avant l’heure ! »

Moi ça m’occupe. Je suis pas tout le temps à la maison… Et puis après, c’est sieste !

Eric

Et Antoine dans tout ça ? Son rôle est essentiel, il fait le lien entre l’agriculteur et l’accueilli : c’est lui qui a rencontré, d’abord séparément José et Éric. « C’est Antoine qui m’a parlé du projet, lors d’une réunion à Braine. Et puis il m’a demandé si j’étais d’accord d’accueillir quelqu’un, pour voir comment ça pouvait aller. Je me suis dit que ça ne me dérangeait pas. Quand c’est pour faire plaisir à quelqu’un, qui peut lui se remettre un peu en condition» explique José. Ensuite, Antoine a rencontré Eric par l’intermédiaire de son agent d’insertion « On en a discuté, et puis après … Il a vu un peu les tenants et aboutissants, et puis ce qui l’intéressait lui, se rappelle Antoine. Ça le bottait réellement. Après il est venu une première fois ici, et on a vu si ça se passait bien.Je suis venu entre 4 et 8 fois, souvent je l’accompagnais. Au début je faisais toutes les activités avec lui. Et maintenant il vient en autonomie. » 

En plus des bénéfices pour José et Eric, le projet permet également de lutter contre les préjugés qui peuvent exister entre deux catégories de personnes très différentes. Exit « l’agriculteur / pollueur » ou l’allocataire social assimilé à un fainéant : l’accueillant découvre souvent une personnalité volontaire, mais qui a un peu « dérapé »dans son parcours, tandis que l’accueilli pourra, par exemple, découvrir que le pulvérisateur a été sorti pour épandre de l’engrais et non des pesticides. « Et finalement ça permet de relativiser certaines situations » se réjouit Antoine.

Il est essentiel dans ce type de projet d’avoir une personne qui rencontre agriculteur et bénéficiaire, afin de faire ce « matching relationnel » comme l’appelle Antoine, essentiel à la réussite du projet « Quand tu rencontres l’un et l’autre, ce n’est pas juste une personne sur une fiche, c’est une personne vivante, qui a du relationnel. Et deux personnes, par exemple deux maraîchers vont proposer le même type d’accueil sur le papier mais pas le même type de relationnel. C’est ça qui pour moi est le plus important. » Et ce « matching » ne serait pas possible sans Antoine, dont l’emploi à temps-plein au sein du CPAS (en plus d’une coordinatrice administrative à quart-temps) est entièrement financé par le FEADER et la Mesure 16.9 du PwDR « Clairement le projet n’existerait pas sans ces financements, explique-t-il. S’il n’y avait plus de subsides, je vois très mal qui que ce soit faire notre boulot. Que ce soit au niveau motivationnel, mais aussi au niveau temps. »

Quel avenir pour ce projet d’agriculture sociale ? « Ca reste malgré tout précaire, de se dire finalement qu’en 2021 on ne sait pas s’il y aura encore des sous… Clairement s’il n’y a plus personne pour faire le matching relationnel, ou en tout cas que ce ne sont plus des gens qui sont mis en rapport à minimum avec le milieu agricole, ça ne marchera jamais. » argumente Antoine. Pour lui, l’avenir de l’agriculture sociale en Wallonie va fortement dépendre du politique, et de la compréhension de l’importance de la plus-value au niveau social qu’apportent les projets. Pourquoi pas un poste par Province qui s’occuperait d’organiser la mise en contact entre accueillis et accueillants, avec une plateforme régionale pour coordonner les relations au politique et aux pouvoirs subsidiants ? conclut Antoine.

 

 

 

“ Je suis content de lui, et lui est content de moi j’imagine. Il se plait, puisqu’il est le premier à dire “je reviendrai un tel ou un tel jour”. 

– José, agriculteur

GALERIE

Découvrez les photos du projet

Il y e un lien qui doit être créé, je ne dois pas avoir que de l’empathie envers mon usager. Je vais avoir de l’empathie aussi envers l’agriculteur. Il doit savoir aussi qu’il peut compter sur moi s’il y un problème. 

– Antoine Detobel

Ce projet est possible grâce au financement du FEADER, grâce à la Mesure 16.9 du Programme wallon de Développement Rural co-financée par la Wallonie et l’Europe.

Découvrez-en plus sur le Programme wallon de Développement Rural et son réseau :
www.reseau-pwdr.be