Faire entendre sa voix de citoyen
La participation citoyenne est un principe d’action fondamental pour tous les Groupes d’Action Locale. Mais pour le GAL Pays de Herve, elle fait également l’objet d’une série de rencontres destinées à sensibiliser au potentiel de la participation citoyenne, autant pour les administrés que pour les élus.
LE PROJET
C’est en plein centre de Herve, à l’administration communale plus précisément, que le rendez-vous est donné, en ce matin de novembre. Les élus arrivent tout doucement, et discutent déjà autour d’un café et d’un morceau de fromage de Herve. C’est une rencontre assez particulière qui se tient en cette matinée : une Maire française vient exposer le travail de sa commune en termes de participation citoyenne.
Ils sont une dizaine à être réunis, pour réfléchir ensemble à la place de la participation citoyenne dans leurs actions d’élus. Si la question de la participation est de plus en plus présente dans les programmes portés par les communes wallonnes, il semblait néanmoins intéressant pour le GAL de s’y pencher d’un peu plus près. Pour la chargée de mission participation citoyenne, Elsa Feret, la participation ne doit pas se concevoir uniquement dans la co-construction de projets avec les citoyens : « J’avais envie de penser la chose de manière plus globale et de se dire, la participation citoyenne, elle peut être partout. » Y compris dans la façon d’informer ses citoyens, de les solliciter au quotidien et de les inclure dans la vie d’une commune.
C’est Aurélie Mézière, Maire de Plessé (une petite commune située en Loire-Atlantique), qui est venue présenter les nombreuses actions de son administration. Elle explique aux élus présents dans la salle comment, que c’est depuis une position d’opposition, que sa liste électorale, basée sur l’idée de la participation, a remporté les élections, et a pu mettre en place une série d’actions pour impliquer au mieux leurs citoyens. Elle revient pour nous sur ce qu’elle entend par « participation citoyenne » : « C’est revenir au sens noble du terme de politique et la gestion de la cité. Même s’il y a des personnes qui sont là pour orchestrer cette gestion, tout un chacun, on a un rôle de citoyen, on est habitant, on est citoyen. C’est redonner aussi ce sens-là aux personnes qui arrivent sur un territoire finalement, qui ne sont pas là que pour habiter. » Aurélie Mézière le souligne; trop souvent les citoyens délèguent leur pouvoir aux élus, qui font alors tout pour conserver ce pouvoir, quitte à parfois exclure le citoyen des décisions au moyen de l’argument « c’est trop compliqué pour vous » : « La voirie, marché public, (…) alors que tout un chacun est en capacité de comprendre. »
La base, faut pas avoir peur de se dire qu’on peut faire changer les choses. Le pouvoir du collectif est hyper important. C’est une force incroyable, il faut que les gens le sachent.
Outre le travail avec les élus, l’accueil de Joe Spiegel et d’Aurélie Mézière ont également donné lieu à des rencontres avec les citoyens de la région, afin d’ouvrir le dialogue et la réflexion au plus grand nombre. Une nouveauté lors de la visite de la Maire de Plessé : des animations à destination des jeunes. « Ce sont quand même un peu toujours les mêmes gens qui viennent aux projections ou aux conférences » remarque Elsa. Et ouvrir le débat aux jeunes, un public particulièrement crucial lorsqu’on parle de citoyenneté, n’est pas toujours aisé. C’est grâce à une prof d’une école du territoire que les jeunes ont pu bénéficier de plusieurs animations sur le sujet, notamment autour d’un ciné débat et d’une animation en classe. Mais quels-ont été les sujets abordés ? « Déjà, partir de la base, comment fonctionne une commune ? Parce qu’en fait déjà ça c’est pas du tout acquis. Et puis après, discuter sur comment on peut s’impliquer dans sa commune ? En dehors du fait d’être élu, parce que c’est peut-être le premier truc auquel on pense. Mais après, en dehors, qu’est-ce qui existe ? »
Aurélie Mézière trouve également crucial de s’adresser aux jeunes : « Cette notion de citoyenneté (…) elle n’est pas dévolue aux personnes qui votent en fait. Il faut que les jeunes se rendent compte qu’ils sont citoyens, même s’ils n’ont pas le droit de vote avant 18 ans en France, mais que ils font partie d’un écosystème dans lequel leur action a aussi un impact sur le collectif et inversement, qu’ils peuvent participer à ce collectif, même s’il n’y a pas un droit décisionnaire derrière. » L’élue ressort également enrichie du ciné-débat qu’elle a animé en Pays de Herve « Hier, [une jeune nous] disait mais nous on se sent petits. (…) C’est cela qu’il faut éliminer. Personne n’est petit, tout le monde à sa place et il faut qu’ils prennent leur place. Voilà et mais bon, on connaît toutes les difficultés de l’adolescence… »
Enfin, quand on demande à Elsa si d’autres GAL pourraient proposer le même type de projets, elle nous répond que oui : avec relativement peu de temps investit, les résultats sont au rendez-vous, et la question de la participation citoyenne concerne potentiellement toutes les communes.
La participation citoyenne reposerait donc en partie sur la transparence des institutions, et sur l’implication des citoyens dans celles-ci. A cette fin, la mairie de Plessé a notamment mis en place une convocation automatique de citoyens lors des conseils communaux : des citoyens tirés au sort sur les listes électorales sont alors invités à prendre part au conseil communal. Même si les conseils communaux sont ouverts aux citoyens, le fait de les inviter de façon personnalisée est une motivation supplémentaire pour les habitants de la commune de s’impliquer dans la vie politique locale.
Et pourtant, Aurélie Mézière n’était pas destinée à devenir maire d’une petite ville française : après des études d’ingénieur, elle a vécu 8 ans en Angleterre, et est devenue chef de produit dans le secteur des cosmétiques. Ils sont revenus en France, elle et son mari, et après avoir eu 4 enfants, elle a finalement décidé de se réorienter, car ses valeurs avaient évolué. « J’ai eu un poste de directrice d’une association de producteurs bio orientés vers la restauration collective, se souvient-elle. Voilà jusqu’aux élections, où j’ai arrêté, et où je suis passée consultante indépendante pour des structures associatives d’agriculteurs bio. » C’est sans doute également ce parcours atypique qui la rend particulièrement intéressante pour les élus locaux du Pays de Herve : dans les petites communes, rares sont les élus qui n’ont pas un autre boulot à côté de leur fonction d’élu.
C’est pour cela que Elsa Ferret a porté une attention particulière au choix des invités venus parler de participation citoyenne : si, par exemple, la ville de Paris a une série d’actions intéressantes, elles sont forcément beaucoup moins facilement transposables dans de petites communes rurales wallonnes. La ville de Plessé, avec ses 5.400 habitants était en revanche un bel exemple. Avant Aurélie Mézière, c’était Joe Spiegel, pionnier de la participation dans la ville de Kingersheim. S’il était très intéressant d’inviter une personnalité aussi connue dans le domaine que Joe Spiegel : « Kingersheim, ça reste un peu grand (…) c’est la périphérie de Mulhouse, donc ce n’est quand même pas la même dynamique que ici, souligne Esla. C’est aussi pour ça que je suis allée vers Plessé, pour amener le côté beaucoup plus rural. »
Lorsqu’on demande à Elsa si elle a rencontré des obstacles lors du lancement de son projet, elle souligne que les élus ne sont pas un public facile à mobiliser : souvent avec des agendas surchargés, il n’est pas non plus évident de les mettre dans une position « d’apprenant » qui va se mettre au travail sur un sujet précis. Un autre obstacle est celui de la langue : naturellement, on a tendance à aller voir du côté de la France, or les exemples sont également nombreux dans d’autres pays, ou simplement dans la partie germanophone de notre pays. Mais la barrière de la langue reste un frein non négligeable.
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GALERIE
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Ce projet est possible grâce au financement du FEADER, notamment à la Mesure 19 – LEADER (GAL Pays de Herve) du Programme wallon de Développement rural, co-financée par la Wallonie et l’Europe.